"ERPÉTOLOGIE GÉNÉRALE OU HISTOIRE NATURELLE COMPLÈTE DES REPTILES" par Duméril et Bibron, une eau-forte 1854.
Description
Xenodermus javanicus est une couleuvre, aglyphe, de la famille des Xenodermatidae qui comprend actuellement 5 genres pour 17 espèces. Il est, quant à lui, monospécifique. Sa répartition s'étend de l'extrême sud du Myanmar, en Thaïlande jusqu'en Indonésie (Sumatra, Bornéo, Java). Sa petite taille (7o cm maximum, plus généralement 6o cm) et sa discrétion en font un animal difficile à observer. En Thaïlande, les rares spécimens capturés l'ont été dans le sud, à la frontière avec la Malaisie. Il est présent à une altitude allant de 5oo à 13oo m, avec une prédilection aux environs de 11oo m au-dessus du niveau de la mer. C'est sur l'île de Java qu'il est le plus commun.
La tête, très distincte du corps, est recouverte de petites écailles granuleuses à l'exception des nasales, larges et volumineuses, et des internasales. Les yeux, de taille moyenne, ont une pupille verticale. Le corps est lui aussi recouvert d'écailles plus ou moins régulières. Trois rangées de grandes écailles protubérantes, ressemblant plus volontiers à une crête, courent le long de la colonne vertébrale ainsi que deux autres rangées placées de façon symétrique de part et d'autre de ces trois premières rangées. À l'encontre des petites écailles dorsales irrégulières, celles couvrant les flancs sont fines et régulières. La fonction exacte de la forme des écailles nasales ainsi que celles de la crête le long du corps ne sont pas encore connues.La queue représente près d'un tiers de la longueur totale. La couleur générale de l'animal est gris taupe, les écailles ventrales sont blanches grisâtres bordées de gris taupe.Les femelles, plus grandes que les mâles, ont une queue plus courte. Elles ont entre 176 et 186 ventrales contre 171 à 177 pour les mâles; de même, elles n'ont que 133 à 15o sous-caudales contre 147 à 165 chez les mâles. Kopstein (1938) précise, qu'à Java, les femelles Xenodermus javanicus sont plus nombreuses que les mâles, le sexe-ratio serait d'environ 44% de mâles contre 56 % de femelles.
Craintif, Xenodermus javanicus vit principalement, durant la journée, caché dans des terriers et des galeries creusés à quelques centimètres sous le sol meuble. Il est semi-fouisseur et semi-aquatique. C'est à la nuit tombée qu'il s'aventure à l'extérieur de sa cachette à la recherche de ses proies favorites, les grenouilles. C'est un animal qui affectionne la proximité des eaux calmes et peu profondes. On le trouve aussi bien en forêt que dans les champs inondés et notamment les rizières ou ses proies pullulent.
Le serpent dragon n'est pas un animal agressif. Quand il est saisi, il se content de se raidir et semble figé. Une fois reposé au sol, il reste quelques instants immobile, comme pour s'assurer que tout danger est bien passé puis il disparaît lentement et silencieusement sous les feuilles mortes dans l'humus ou trouve refuge dans l'eau.
Ovipare, c'est à la saison des pluies, d'octobres à février, qu'ont lieu les accouplements et les pontes allant de 2 à 4 œufs. Ces derniers, de petite taille, mesurent 23 à 28 mm par 9 à 11 mm. Après 61 à 65 jours d'incubation, les nouveaux-nés, d'environ 2o centimètres, voient le jour.
Ci-dessus, aspect général de Xenodermus javanicus.
Dans son livre "The Snakes of Thailand and Their Husbandry" (1991), Merel J. Cox donne quelques conseils essentiels pour le maintien, dans de bonnes conditions, de Xenodermus javanicus en captivité. Le substrat doit être meuble et comporter de nombreuses cachettes, un large bassin peu profond sera à disposition, quelques cachettes devront aussi y être aménagées. Le terrarium sera chauffé au maximum à 28-3o°. Pour un bien, il faudrait pouvoir leur proposer 25-26° au plus froid, 3o° au plus chaud. Seul un terrarium assez vaste permettra de lui offrir un tel grandiant thermique. Malgrè tout, le xénoderme reste très difficile à maintenir en captivité.
Pour l'alimentation, M. J. Cox confirme sa prédilection pour les grenouilles, mais précise aussi qu'il pourrait éventuellement accepter quelques petits poissons.
Dans son article http://snakesarelong.blogspot.fr/2013/09/dragonsnakes.html, Andrew Durso rappelle, à juste titre, qu'autrefois toutes les îles et le continent représentant actuellement l'aire de répartition des Xenodermus étaient rattachées ensemble, et précise qu'il ne serait pas étonnant que des études approfondies de ces populations, dorénavant isolées, mettent en évidence plusieurs espèces ou sous-espèces de Xenodermus.
Bibliographie :
1999 - R. B. Stuebing, R. F. Inger - A field guide to the Snakes of Borneo - Natural History Publications (Borneo) - 254 pages.1996 - P. David, G. Vogel - The Snakes of Sumatra : An annotated checklist and key with Natural history notes - Edition Chimaira - 260 pages.1994 - J. C. Murphy, H. K. Voris and D. R. Karns - A Field Guide and Key to the Snakes of the Danum Valley, A Bornean Tropical Forest Ecosystem - Bulletin of the Chicago Herpetological Society - Vol 29, N° 7 - pp 133-151.1991 - Merel J. Cox - The Snakes of Thailand and Their Husbandry - Krieger Publishing Company - 526 pages.
Ci-dessous quelques photos de Xenodermus javanicus prises par Patrick Prevost (R.I.P.)